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15 janvier 2011

Une activité solitaire

"La consommation de masse est une activité solitaire (...) Avant que l'on ait installé ce robinet de culture qu'est la radio dans tous les foyers, les Schmid et les Muller... (et tous les autres) se précipitaient au cinéma pour y consommer collectivement, c'est à dire en tant que masse, les marchandises stéréotypées produites en masse à leur attention. (...) Bientôt les Schmid et les Muller passèrent les nombreuses soirées qu'ils consacraient autrefois au cinéma à recevoir chez eux les jeux radiophoniques ou bien le monde. Ils consommaient désormais les produits de masse en famille, ou même seuls, d'autant plus abondamment d'ailleurs qu'ils étaient plus isolés. Le type de l'ermite de masse était né (...) Maintenant ils sont assis à des millions d'exemplaires, séparés mais pourtant identiques, enfermés dans leur cage tels des ermites - non pas pour fuir le monde, mais plutôt pour ne jamais, jamais manquer la moindre bribe du monde en effigie" (extrait de "l'obsolescence de l'homme", Günther Anders, p. 120 et ss)

Cet extrait montre bien ce que fut, au commencement, la massification solitaire, anticipée par Orwell dans 1984. Les premiers lieux de sociabilité culturelle furent les théâtres et les salles de concert. On allait autrefois à l'Opéra pour montrer une appartenance à une élite sociale, la bourgeoisie. Maintenant, le dictat de l'information prévaut sur la culture, et l'ère de la Gazette de Renaudot triomphe dans les écrans opalescents des ipod et des smartphones. Le livre d'Anders a le mérite de nous rappeler l'itinéraire qui a anéanti la culture dans la communication de masse, en partant de la Gazettte pour aboutir au web 2.0 qui n'existait pas en ce temps-là. 

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