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20 décembre 2010

La famille devient un public en miniature

"La radio et l'écran de télévision deviennent la négation de la table familiale... On présente plutôt cette consommation de masse comme l'occasion d'une reconnaissance de la famille et de la vie privée - ce que l'on ne peut comprendre que comme une hypocrisie : les inventions nouvelles se réfèrent souvent à de vieux idéaux qui risqueraient sans cela de faire obstacle à certains achats... Ainsi un article paru dans un quotidien viennois Presse le 24 décembre 1954 " la famille française a découvert que la télévision était un bon moyen de détourner les jeunes gens de passe-temps coûteux, de retenir les enfants à la maison et de donner un nouvel attrait aux réunions familiales" (...) Il n'en est rien, écrit Günther Anders, op.cit. Ce mode de consommation permet de dissoudre complètement la famille tout en sauvegardant l'apparence d'une vie de famille (...) Le fait est qu'elle est bien dissoute : car ce qui règne désormais à la maison grâce à la télévision, c'est le monde extérieur - réel ou fictif - qu'elle y retransmet. Il y règne sans partage au point d'ôter toute valeur à la réalité du foyer et de la rendre fantomatique" (p. 123).

Je n'étais pas encore venu au monde quand le Presse viennois est paru, mais je trouve la dénonciation d'Anders on ne peut plus d'actualité, et c'est bien aller à contre courant que de vouloir ne pas admettre que la famille est désormais une réalité dissolue. Chaque membre de la famille est un individu qui fait ce qui lui plait sur sa console de jeu, sur son Facebook, sur son réseau professionnel, etc. Lorsque l'on a pris conscience de la part du volume des communications protégée par le contrôle parental, on ne peut que le redire : la famille est une entité d'apparence, mais en réalité complètement disssolue par les medias. Chaque enfant a ses amis à lui, qui ne sont pas nécessairement ceux de toute la famille, en celà rien n'a fondamentalement changé depuis que l'écriture littéraire a introduit dans le boudoir ou l'alcove le désir d'un autre monde. Famille, je vous hais, criait Gide. Nul ne sait si c'était une prophétie visant le pouvoir de la télévision ou de l'internet.

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