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7 décembre 2010

Les conséquences de l'automatisation

Herbert Marcuse, le visionnaire génial des malheurs de la société post-moderne avait anticipé tout ce qui pouvait résulter d'une croissance sans limites. "L'automatisation, écrit-il en 1964, semble être le grand catalyseur de la société industrielle avancée (...) Avec ce processus social d'automation, la force de travail se transforme ou plutôt elle opère une transsubstantiation au cours de laquelle, séparée de l'individu, elle devient un objet productif indépendant, c'est à dire un sujet. Si elle devenait le processus de la production matérielle, l'automatisation révolutionnerait la société toute entière. (...) S'il y avait une automatisation complète, dans le domaine de la nécessité, l'homme bénéficierait d'un temps libre tel qu'il pourrait donner forme à sa vie privée et sociale. Ce serait la transcendance historique vers une nouvelle civilisation" (L'homme unidimensionnel, p. 67). Toute la difficulté provient du fait que l'Etat  de bien-être restreint rationnellement le temps libre et le transforme par une utilisation rationnelle de ce qui est en fait considéré comme du temps mort ou du temps perdu. Pour ce faire, les subterfuges multiples font apparaître des systèmes qui occultent toute possibilité d'autodétermination des besoins. La vérité n'est pas une valeur d'échange. Une sorte de philosophie opérationnaliste ou fonctionnaliste prévaut y compris dans les temps libres ou libérés par la récupération d'un culture désacralisée.

Là où les figures littéraires traditionnelles autorisaient le trouble de la conscience malheureuse (dont le bovarysme est l'expression la plus typique), la démocratisation de la culture entraîne la fin de la négativité poétique, celle de la distanciation suscitée par l'oeuvre d'art. De la distanciation de l'art, nous sommes parvenus, au nom de l'universalité de l'accès à la culture, à de nouvelles facilités de consécrations culturelles par la page web ou la télé réalité, zappant toute référence, même par la négation, à l'héritage de la tradition littéraire. L'ignorance ou le semblant de connaissance prévaut désormais à toute tentative de critique littéraire ou artistique. L'idée d'une création surmontant la rareté ou la pauvreté, et par conséquent valorisant le travail en tant que tel, a perdu tout son sens. L'ennemi  du système est alors l'idée que toute forme véritable de libération pourrait s'effectuer par les seules forces sociales et humaines, voire spirituelles, en se compromettant avec des astreintes technologiques qui uniformisent les comportements à l'insu de la conscience des acteurs d'un prétendu changement eux-mêmes (cf. p. 84 op. cit.)

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